Importation de voitures d’occasion : la diaspora algérienne au cœur du nouveau marché 2026
L’importation de voitures d’occasion vers l’Algérie connaît un tournant en 2026. Pour la première fois, la diaspora algérienne est placée au centre d’un dispositif légal lui permettant de ramener des véhicules récents depuis l’étranger. Une réforme très attendue, porteuse d’espoir mais aussi de défis logistiques et économiques.
En 2026, l’Algérie ouvre une nouvelle page de sa politique automobile. Après des années de blocages administratifs et de restrictions, le gouvernement autorise désormais l’importation de voitures d’occasion de moins de cinq ans, y compris par les membres de la diaspora.
Cette mesure, inscrite dans le projet de loi de finances 2026, vise à relancer un marché automobile asphyxié tout en facilitant le retour économique des Algériens de l’étranger. Mais derrière cette annonce se cache une stratégie plus large, celle d’un rééquilibrage entre besoins populaires, devises maîtrisées et lutte contre les importations illégales.
Une réforme attendue par les Algériens de l’étranger
Pour des milliers d’Algériens résidant en France, au Canada ou en Europe, l’importation de voitures d’occasion était jusqu’ici un parcours du combattant. En levant les restrictions, le gouvernement répond à une demande croissante.
Selon les chiffres de la Direction générale des Douanes, plus de 300 000 demandes d’informations liées à l’importation de véhicules ont été enregistrées entre 2023 et 2025. La diaspora représente près de 60 % des requêtes.
Cette ouverture devrait ainsi permettre de réinjecter jusqu’à 1,5 milliard de dollars dans l’économie nationale, selon les estimations du ministère de l’Industrie.
Les nouvelles conditions d’importation en 2026
- Le projet de loi de finances 2026 autorise l’importation de véhicules d’occasion de moins de 5 ans, essence ou diesel, sous réserve qu’ils respectent les normes Euro 5 et Euro 6.
- Les voitures doivent être importées à titre personnel, avec paiement des droits de douane et de la TVA en dinars, via des circuits bancaires officiels.
- Les membres de la diaspora bénéficient d’une franchise partielle sur les droits de douane, notamment s’ils importent un véhicule pour un usage familial.
Les autorités précisent aussi que les véhicules provenant de pays frontaliers (Tunisie, Espagne, Italie, France) sont prioritairement vérifiés afin d’éviter les fraudes ou les reventes déguisées.

Un levier économique et symbolique pour la diaspora
Cette réforme ne se limite pas à une simple ouverture commerciale. Elle traduit la volonté de l’État de réintégrer la diaspora dans la dynamique nationale.
Les transferts financiers des Algériens de l’étranger dépassent 2,7 milliards de dollars par an, selon la Banque mondiale. En leur permettant d’investir directement dans le marché automobile local, le gouvernement espère stabiliser les flux de devises tout en stimulant le marché secondaire.
De plus, cette mesure pourrait contribuer à freiner le marché parallèle, notamment celui des importations illégales de véhicules via la Libye ou la Tunisie. Un phénomène en hausse depuis 2023, qui aurait concerné plus de 10 000 voitures introduites sans homologation sur le territoire national.
Des défis logistiques et administratifs à résoudre
Malgré cet enthousiasme, plusieurs zones d’ombre subsistent. Les délais de dédouanement, la complexité des procédures bancaires et la rareté des transporteurs maritimes agréés pourraient freiner la mise en œuvre du dispositif.
Les experts appellent donc à la création d’un guichet unique pour la diaspora, qui regrouperait les services des Douanes, des Banques et du ministère de l’Industrie.
Par ailleurs, le manque d’infrastructures portuaires adaptées, notamment à Oran, Skikda et Jijel, risque de saturer les circuits d’importation si la demande explose.
Vers un nouveau modèle automobile algérien ?
Au-delà du simple commerce de voitures, l’État algérien cherche à établir un nouveau modèle de consommation et de production automobile. En parallèle de l’ouverture à la diaspora, plusieurs constructeurs étrangers, dont Fiat, Chery et Renault – renforcent leur présence industrielle en Algérie, avec un objectif clair, produire localement 200 000 véhicules par an d’ici 2027.
Ce double mouvement – importation encadrée et production nationale, pourrait marquer la fin d’une décennie de pénurie et replacer l’Algérie comme acteur clé du marché automobile maghrébin.
L’importation de voitures d’occasion par la diaspora algérienne n’est pas qu’une réforme économique, c’est une réconciliation des Algériens de l’étranger avec leur pays d’origine, l’État mise sur une dynamique gagnant-gagnant.
Mais pour que cette ouverture tienne ses promesses, il faudra accompagner la mesure de transparence, de simplification et d’efficacité.




