France – Algérie : un réseau de voitures volées démantelé
Un réseau de voitures volées démantelé, maquillées, puis expédiées vers l’Algérie? une affaire hors norme secoue Marseille. Enquête, complicités portuaires et détournements de grande ampleur.
À première vue, elles semblaient banales, des voitures récentes, bien entretenues, expédiées du port de Marseille vers Alger. Mais derrière ces livraisons se cachait une mécanique bien huilée. Ce mardi 27 mai 2025, le parquet de Marseille a levé le voile sur un réseau de trafic international de véhicules volés, impliquant dix individus, des complicités portuaires, et des méthodes dignes des scénarios les plus rodés. Pendant quatre ans, ce système a permis à des dizaines de voitures, volées puis maquillées, de franchir discrètement la Méditerranée. À l’arrivée, un préjudice estimé à 30 millions d’euros et un coup porté à un marché parallèle de plus en plus structuré.
France – Algérie, réseau de voitures volées
Ce mardi 27 mai 2025, le parquet de Marseille a révélé l’existence d’un vaste réseau criminel impliqué dans le vol et l’exportation illégale de voitures vers l’Algérie. Dix personnes ont été interpellées dans le cadre de cette affaire, après plusieurs mois d’investigation menés par la division de la criminalité territoriale des Bouches-du-Rhône. Au cœur de ce trafic : des véhicules volés, maquillés et expédiés depuis le port de Marseille, avec l’aide de complices bien placés dans la logistique portuaire.
Selon le parquet, les véhicules ciblés étaient majoritairement des voitures de location, souvent dérobées à l’étranger, puis discrètement ramenées sur le territoire français. Grâce à une organisation méthodique, les malfaiteurs bénéficiaient d’un laps de temps suffisant pour maquiller les voitures, leur attribuer de fausses immatriculations provisoires, et organiser leur expédition maritime vers l’Algérie.
Marseille, point de passage stratégique et complicités internes
L’élément le plus troublant de l’enquête est la complicité présumée d’acteurs portuaires. Le réseau aurait bénéficié du soutien de personnes occupant « d’importantes responsabilités » au sein du port de Marseille. Ces responsables auraient, moyennant rémunération, facilité non seulement l’entrée des véhicules volés, mais aussi l’accès à un hangar sécurisé au cœur même de la zone logistique.
Ce local servait de point de maquillage des voitures, où les équipes techniques modifiaient l’apparence et l’identité des véhicules pour les rendre méconnaissables. L’ampleur de la fraude est considérable, tant par la fréquence des exportations – environ 20 véhicules par mois pendant quatre ans – que par les moyens mobilisés.

Un butin colossal : voitures, montres de luxe, liquidités
Le coup de filet du 22 mai a permis l’arrestation de dix membres présumés du réseau. Les suspects ont été présentés à un magistrat entre le 24 et le 26 mai. Lors des perquisitions, les enquêteurs ont découvert une somme de 60 000 euros en liquide, douze véhicules, plusieurs montres de luxe, ainsi que du matériel destiné à falsifier les numéros de série et les plaques d’immatriculation.
Le parquet de Marseille estime à 30 millions d’euros le préjudice total causé par ces détournements. Cinq suspects, considérés comme les figures centrales du réseau, ont été placés en détention provisoire. Les cinq autres ont été laissés sous contrôle judiciaire dans l’attente de leur jugement.
Les chefs d’inculpation sont lourds, recel de vol en bande organisée, blanchiment d’argent, faux et usage de faux. Ces qualifications pénales reflètent non seulement la gravité des faits, mais aussi la structuration du réseau. L’affaire illustre la porosité entre la criminalité organisée, les flux logistiques portuaires, et les complicités administratives, dans un contexte de contrôle douanier parfois défaillant.
Des voitures réapparaissant en Algérie : un phénomène connu
La destination finale de ces véhicules était l’Algérie, un marché où les voitures d’occasion sont très recherchées, en particulier en raison de la difficulté d’importer de nouveaux modèles. Dans de nombreux cas, ces voitures volées réapparaissent sur le marché algérien avec de nouvelles identités, vendues comme « véhicules importés » sans que l’origine frauduleuse ne soit immédiatement détectée.
Si le phénomène n’est pas nouveau, il est rarement démantelé avec autant de clarté. Ce coup de filet pourrait ouvrir la voie à d’autres enquêtes sur des réseaux similaires opérant entre l’Europe et le Maghreb.
Cette affaire pose de nombreuses questions sur les failles de sécurité et de contrôle dans les grands ports européens, en particulier à Marseille, qui est l’un des points d’entrée et de sortie majeurs vers le bassin méditerranéen. La coopération entre autorités françaises et algériennes pourrait devenir cruciale pour identifier les véhicules concernés une fois arrivés sur le sol algérien.
À l’heure où les douanes et les forces de sécurité renforcent la lutte contre les flux illégaux, ce type d’affaire rappelle que le crime organisé ne recule ni devant les frontières ni devant les formalités portuaires.




