Une citoyenne franco-algérienne expulsable en 48h : une OQTF qui interroge
Soraya, 58 ans, vit en France depuis plus de trente ans. Après un contrôle à Roissy, elle se voit notifier une OQTF sans délai, une citoyenne franco-algérienne expulsable en 48h, Une mesure brutale, qui relance le débat sur les pratiques de l’administration vis-à-vis des binationaux.
Ce qui devait être un simple vol pour Alger s’est transformé en cauchemar administratif pour Soraya, 58 ans. Arrivée à l’aéroport de Roissy comme des milliers de voyageurs, cette Franco-Algérienne, résidant en France depuis plus de trente ans, s’est soudainement retrouvée face à une décision aussi brutale qu’inattendue : une obligation de quitter le territoire français sous 48 heures, assortie d’une interdiction de retour.
Avec un passeport français en main, une vie construite dans l’Hexagone, des enfants établis ici, Soraya ne pensait pas devoir prouver, en urgence, qu’elle avait le droit d’être chez elle. Son histoire soulève une question profonde : comment un système peut-il, en quelques heures, remettre en cause des décennies d’intégration ?
Citoyenne franco-algérienne expulsable apres une vie en France
Ce 2 juin 2025, à l’aéroport de Roissy, Soraya pensait embarquer paisiblement vers Alger, comme elle le fait régulièrement depuis des années. Résidente en France depuis 1993, naturalisée française depuis 1997, mère de deux enfants, elle ne s’attendait certainement pas à être retenue plusieurs heures par la police aux frontières, avant d’apprendre qu’elle était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, avec exécution sous 48 heures.
La mesure, assortie d’une interdiction de retour d’un an, est justifiée par l’administration au motif qu’elle ne « justifie pas d’une résidence principale effective ». Pourtant, Soraya vit en région parisienne, y a fondé une famille, et y retourne après chacun de ses séjours à l’étranger. Comment en est-on arrivé là ?
L’OQTF appliquée mécaniquement, au mépris de la réalité
Ce n’est pas la première fois qu’une OQTF est appliquée à une personne intégrée, mais l’absence de délai de départ volontaire rend la procédure d’autant plus brutale. Habituellement, un étranger en situation irrégulière bénéficie d’un délai de 30 jours pour organiser son départ. Ici, la mesure est immédiate. Pour Soraya, cela signifie partir sans délai, sans recours direct, sans même avoir le temps de consulter un avocat.
Ces dernières années, les notifications d’OQTF « automatiques » semblent se multiplier, notamment lors de contrôles aux frontières. Dans de nombreux cas, les autorités se basent sur des critères strictement administratifs comme une incohérence d’adresse ou l’absence d’un justificatif récent pour prononcer des décisions lourdes de conséquences.
Bon à savoir
- L’OQTF (obligation de quitter le territoire) peut être contestée dans un délai de 48h en cas de non-octroi du départ volontaire.
- Une interdiction de retour (IRTF) est souvent associée à une OQTF exécutée sans délai. Elle peut être levée sous conditions.
- Un binational peut faire valoir sa nationalité française pour faire suspendre une OQTF, mais cela nécessite souvent une intervention juridique rapide.
Le choc d’une mesure inhumaine
Pour Soraya, c’est l’incompréhension. Elle n’a jamais quitté la France plus de quelques semaines, possède des documents à jour, et partage sa vie entre son domicile francilien et ses proches. Elle ne s’est jamais imaginée devoir prouver en urgence son droit de rester dans un pays dont elle détient la nationalité depuis presque trois décennies.
Ce cas soulève une question cruciale : la machine administrative est-elle capable de discerner les parcours de vie derrière les dossiers papier ? Quand une femme de 58 ans, connue de tous les services, bascule du jour au lendemain dans la catégorie des « indésirables », cela interroge sur la place accordée à l’humain dans la gestion migratoire.
Quand la double nationalité ne protège plus
Cette OQTF soudaine a des répercussions immédiates, rupture dans les soins médicaux, suspension d’activité, perte de stabilité familiale. Si Soraya quittait effectivement le territoire dans les délais, elle serait interdite de retour pendant un an, avec toutes les implications administratives et personnelles que cela implique.
Même avec un passeport français, un certificat de nationalité, et une vie bien établie, une simple faille administrative peut tout faire basculer. Le choc est d’autant plus fort pour les personnes qui pensent avoir « fait tout comme il faut ».
Cette affaire révèle également les limites du statut de binational. Dans les faits, la nationalité française devrait suffire à protéger d’une OQTF, mais certaines situations administratives, notamment en cas de doubles identités mal gérées (passeport étranger + français), créent des conflits de données. Résultat : la personne est perçue comme étrangère… y compris par les services censés la reconnaître comme citoyenne.
Le cas de Soraya n’est pas une simple anomalie. Il met en lumière une mécanique administrative qui fonctionne parfois à l’aveugle, au risque d’écraser des trajectoires humaines sous des procédures automatisées. La vigilance, la transparence et la capacité d’écoute doivent redevenir les piliers de l’action publique en matière de séjour.
Car derrière chaque notification d’OQTF, il y a souvent une vie stable, un parcours intégré, une personne qui mérite d’être entendue pas exclue.




