Transfert d’argent en Algérie : ce que dit vraiment la nouvelle loi qui fait polémique
Depuis la publication d’un arrêté interministériel encadrant les transactions commerciales non déclarées, les réseaux sociaux en Algérie s’agitent. Pourtant, la mesure du transfert d’argent en Algérie ne vise pas le transfert familial, mais les activités lucratives déguisées. qui est réellement concerné par le nouvel arrêté ? Voici ce que dit la loi et ce qu’il faut retenir pour éviter toute confusion.
Depuis quelques jours, un vent de panique souffle sur les réseaux sociaux en Algérie, à la suite de la publication d’un arrêté interministériel encadrant plus strictement certaines transactions financières. Beaucoup craignent une surveillance généralisée ou une restriction sur les virements entre particuliers. Mais derrière l’emballement numérique, la réalité du texte est tout autre.
Loin de viser les transferts familiaux ou occasionnels, la nouvelle réglementation concerne uniquement les opérations financières à but lucratif, répétées et non déclarées. Cette distinction est essentielle pour comprendre qui est réellement concerné par cette mesure. À travers ce nouvel encadrement, l’État algérien entend surtout agir sur l’économie parallèle et mieux contrôler les activités commerciales informelles, notamment celles opérant en ligne, souvent en dehors de tout cadre légal. Pour les citoyens ordinaires, il ne s’agit donc pas d’une interdiction du transfert d’argent en Algérie, mais bien d’un encadrement ciblé sur certaines pratiques abusives.
Une vague de panique en ligne… mais des craintes souvent infondées
En Algérie, un climat de confusion s’est installé en ligne après la publication, au Journal officiel du 30 mars 2025, d’un nouvel arrêté portant sur le transfert d’argent en Algérie. De nombreuses publications relayées sur les réseaux sociaux laissent entendre que tous les virements bancaires ou envois d’argent entre particuliers feraient désormais l’objet d’une surveillance accrue. Ce scénario, anxiogène, a rapidement fait naître un sentiment de panique parmi les usagers ordinaires. Pourtant, cette crainte généralisée repose sur un malentendu, le texte ne concerne en réalité qu’une catégorie bien précise d’activités.
Ce que dit réellement la loi publiée au Journal officiel
L’arrêté interministériel signé par le ministre des Finances et celui du Commerce intérieur vise une cible clairement définie, les transactions financières à caractère lucratif et répétitif, opérées par des particuliers sans registre de commerce. Le texte stipule que toute personne qui effectue au moins trois transactions commerciales de même nature, au cours d’une même année civile, et dans un but lucratif, entre désormais dans le champ de cette réglementation.
Autrement dit, ce ne sont pas les transferts d’argent personnels, familiaux ou exceptionnels qui sont visés. Ce sont les ventes, prestations de services, ou opérations récurrentes réalisées dans une logique de profit, et en dehors de tout cadre juridique. L’administration fiscale dispose désormais d’un outil juridique pour contrôler ces flux non déclarés.
Qui est concerné ? Les vendeurs informels et prestataires non déclarés
Ce nouveau cadre réglementaire vise directement les individus qui exercent une activité commerciale ou de prestation de service de manière dissimulée, sans être enregistrés au registre du commerce. Cela inclut, par exemple, les personnes qui utilisent les réseaux sociaux pour vendre des vêtements, des produits alimentaires ou des services, et qui le font de manière régulière, sans jamais déclarer leurs revenus.
Les activités touchées peuvent aller de la vente en ligne aux prestations comme le transport, la réparation, la location de logements ou la sous-traitance, lorsqu’elles deviennent fréquentes et clairement lucratives. En clair, si un particulier effectue des opérations financières similaires plusieurs fois dans l’année, dans un but commercial évident, il devient redevable aux yeux de la loi.
Des contrôles graduels, mais bien réels
L’administration fiscale dispose désormais de la possibilité d’intervenir sur ces cas, à travers les moyens de contrôle prévus par la législation en vigueur. Le processus commence généralement par une mise en demeure adressée à la personne concernée, l’invitant à régulariser sa situation. Si une seconde mise en demeure reste sans effet, un procès-verbal est alors dressé, ouvrant la voie à des sanctions fiscales ou à une régularisation administrative.
Dans les cas les plus flagrants, le texte autorise même l’administration à établir ce procès-verbal dès la première infraction constatée. Les éléments de preuve, une fois réunis, sont transmis dans un délai de 30 jours aux services du ministère du Commerce, pour suite à donner.
Un outil pour réguler l’économie informelle
Pour Boubkeur Sellami, président du Conseil national de la fiscalité, cette nouvelle réglementation est une avancée. Selon lui, il s’agit d’un levier crucial pour intégrer progressivement le secteur informel dans le tissu économique formel du pays. Il souligne que des pans entiers de l’économie algérienne échappaient à la fiscalité : prestations de services au noir, ventes répétées sur les réseaux sociaux, petites annonces déguisées en activité durable… tous ces revenus passaient sous les radars.
Cette mesure n’est donc pas une punition à l’égard des particuliers, mais une tentative de rationaliser les flux économiques et de lutter contre le marché noir, y compris dans le domaine du change euro dinar, souvent associé à des transferts non déclarés.
Les transferts familiaux ne sont pas menacés
C’est là le cœur du malentendu. Les citoyens qui envoient de l’argent à leurs proches, qui effectuent des virements entre amis ou qui reçoivent une aide financière ponctuelle ne sont pas concernés par cette mesure. Le texte ne vise que les pratiques commerciales déguisées en opérations privées. Les craintes exprimées sur les réseaux sociaux proviennent pour beaucoup d’une interprétation erronée, voire d’une désinformation entretenue.
Une volonté de modernisation, pas une chasse aux sorcières
La mise en place de cette réglementation marque aussi une volonté de moderniser l’économie algérienne. En rendant plus lisibles les flux monétaires, l’État entend assainir le climat commercial, renforcer la traçabilité des transactions, et sécuriser les recettes fiscales. Dans un contexte où les revenus issus du secteur informel représentent une part significative de l’activité, cette régulation est perçue comme un pas nécessaire.
Elle intervient également dans un climat où les questions de change dinar euro, de transferts informels via le marché noir, ou encore de flux non bancarisés, sont au cœur des préoccupations économiques et budgétaires du pays.
Le transfert d’argent en Algérie n’est pas remis en cause pour les citoyens ordinaires. La loi vise des situations bien précises, à savoir les particuliers qui tirent un bénéfice régulier de transactions commerciales sans déclaration. Les transferts familiaux ou ponctuels restent parfaitement légaux.
Plutôt que de céder à la panique, il est essentiel de bien comprendre les contours de la mesure. Ce n’est pas l’envoi d’argent en soi qui est visé, mais sa fréquence, son objectif et son absence de cadre légal. Les internautes ont donc tout à gagner à s’informer précisément avant de tirer des conclusions hâtives.




