Pas de visa pour les Algériens : Le Kenya ouvre ses frontières
Le Kenya lève officiellement l’obligation de visa pour les Algériens et la majorité des ressortissants africains. Une décision annoncée comme une mesure d’intégration régionale, mais qui relance aussi la question des mobilités Sud-Sud, longtemps freinées par les lourdeurs administratives.
Plus besoin d’ETA, de formulaire électronique, ni de frais consulaires, les Algériens peuvent désormais se rendre au Kenya sans visa. C’est l’une des mesures fortes annoncées par le gouvernement kenyan, en vigueur depuis juillet 2025. À l’heure où les restrictions de mobilité pèsent encore lourd sur les relations interafricaines, cette annonce marque un tournant. Un petit pays d’Afrique de l’Est fait le choix de l’ouverture, là où d’autres campent sur des logiques sécuritaires ou économiques. Mais cette décision, si elle est bien accueillie, ne concerne pas toute l’Afrique.
Le Kenya supprime le visa pour les Algériens
Le président kényan William Ruto en avait posé les bases dès janvier dernier : supprimer les visas pour les Africains était, selon lui, un “geste de cohérence régionale”. L’entrée en vigueur de cette politique, annoncée cette semaine par plusieurs organes officiels, confirme cette volonté d’unifier davantage le continent. Dans le détail, les ressortissants africains n’ont plus besoin de présenter ni autorisation de voyage électronique (ETA), ni formulaire d’entrée, ni de payer quoi que ce soit à la frontière.
Seules deux exceptions figurent sur la liste, la Libye et la Somalie, exclues du dispositif en raison de “risques sécuritaires persistants”, selon un communiqué du Conseil des ministres kényan publié en janvier.
Pourquoi cette mesure concerne les Algériens ?
L’Algérie fait donc partie des pays africains désormais exemptés de visa pour entrer au Kenya. Pour les voyageurs, cela signifie un accès direct au pays, avec une durée de séjour autorisée de 60 jours. Ceux issus de la Communauté d’Afrique de l’Est bénéficient quant à eux d’un visa de six mois.
Côté algérien, cette annonce n’a pas encore fait l’objet d’un communiqué officiel, mais plusieurs agences de voyage ont déjà commencé à relayer l’information auprès de leurs clients. Cette nouvelle pourrait encourager davantage de flux touristiques, mais aussi culturels et économiques, entre l’Algérie et l’Afrique de l’Est, une zone encore largement absente des circuits de voyage classiques des Algériens.
Cette mesure va bien au-delà du tourisme. Le Kenya cherche clairement à se positionner comme une porte d’entrée vers l’Afrique de l’Est pour les investisseurs et les partenaires du continent. Nairobi sait que la libre circulation des personnes est un levier de croissance. En levant le visa pour des pays comme l’Algérie, elle attire non seulement les touristes, mais aussi les entrepreneurs, les chercheurs ou les artistes, freinés jusqu’ici par la complexité des démarches.
L’Algérie, dont les relations avec l’Afrique subsaharienne ont longtemps été jugées timides, pourrait profiter de cette ouverture pour réactiver ses ambitions panafricaines, dans le sillage de l’adhésion à la ZLECAF (zone de libre-échange continentale africaine).

Un modèle à suivre ?
Le choix du Kenya pourrait bien faire école. Alors que de nombreux pays africains conservent des exigences de visa entre eux, la décision de Nairobi pose une question de fond : à quand une réelle libre circulation des Africains sur leur propre continent ? Dans un contexte de plus en plus polarisé par les enjeux migratoires au Nord, cette politique de visa zéro pourrait dessiner une nouvelle carte des mobilités africaines.
Cette nouvelle liberté de voyage offre aux Algériens l’occasion rêvée de créer des ponts avec le reste du continent, de vivre l’Afrique subsaharienne dans toute son authenticité, et de laisser enfin derrière eux les tracasseries administratives
Le Kenya ouvre ses frontières aux Algériens sans visa, et l’annonce passe presque inaperçue. Pourtant, il s’agit là d’un signal fort, dans un continent où la mobilité reste un luxe. Moins de bureaucratie, plus de fluidité, la dynamique est lancée. Reste à savoir si d’autres suivront.




