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Les Algériens se ruent sur le visa Schengen : une demande record en 2024

Les Algériens ont déposé plus de 540 000 demandes de visa Schengen en 2024, soit une hausse spectaculaire de 14,8 %. La France reste la destination privilégiée, loin devant les autres pays européens.

Les consulats européens n’ont jamais été autant sollicités par les citoyens algériens. En 2024, l’Algérie s’est hissée à la sixième place mondiale des nationalités les plus demandeuses de visa Schengen, selon les chiffres officiels de la Commission européenne.

Avec 544 634 dossiers déposés, le pays devance désormais des États comme l’Arabie Saoudite ou le Royaume-Uni (pour les résidents étrangers). Cette progression confirme un regain de mobilité post-pandémie, mais aussi une dépendance persistante à l’égard des frontières européennes.

L’Algérie, sixième plus gros demandeur de visa Schengen

L’année 2024 a été celle du retour massif des déplacements internationaux. Les demandes de visa Schengen ont grimpé de 13,4 %, pour atteindre 11,7 millions de dossiers déposés à travers le monde, contre 10,3 millions en 2023. Parmi ces chiffres, les ressortissants algériens représentent à eux seuls près de 5 % du total mondial.

“Cette reprise est spectaculaire, les Algériens déposent désormais davantage de demandes que les Russes ou les Thaïlandais”, explique un diplomate européen à Bruxelles.

La France reste la première porte d’entrée visée, parmi les 544 634 demandes algériennes, 352 295 ont été adressées aux consulats français, soit près des deux tiers. C’est 26,2 % de plus qu’en 2023, où la France n’avait reçu “que” 279 000 dossiers.

La France, toujours première destination des Algériens

Pour beaucoup d’Algériens, la France demeure plus qu’une destination touristique : c’est un lien culturel, familial et économique.
Des milliers d’entreprises, d’étudiants, de binationaux ou de familles mixtes entretiennent des échanges constants entre les deux rives de la Méditerranée.

Mais ce regain d’intérêt se heurte à une réalité, le taux de refus de visa pour les Algériens reste l’un des plus élevés d’Europe, oscillant entre 45 % et 50 % selon les années. Un paradoxe qui alimente les frustrations, notamment chez les entrepreneurs et les familles en attente de retrouvailles.

“On paie les frais, on prépare les papiers, mais rien ne garantit l’acceptation”, témoigne Nourredine, chef d’entreprise à Blida, dont la demande a été refusée trois fois.

Les dix nationalités les plus demandeuses en 2024

RangPaysNombre de demandesVariation 2024/2023Destination principale
1Chine1 700 000+59,2 %France
2Inde1 180 000+14,6 %Suisse
3Turquie1 100 000+11,1 %Grèce
4Maroc606 800+2,6 %France
5Russie606 594+2,5 %Italie
6Algérie544 634+14,8 %France
7Arabie Saoudite505 455n.c.France
8Royaume-Uni (résidents étrangers)470 569+5,7 %France
9Thaïlande265 243-1,9 %Allemagne
10Émirats arabes unis (résidents étrangers)260 229stableAllemagne
Ces dix pays totalisent 7,3 millions de demandes, soit 62,4 % du total mondial.

Une demande algérienne en forte progression

L’Algérie a enregistré une hausse de 14,8 % par rapport à 2023 (474 032 demandes). Cette progression est l’une des plus rapides du Maghreb, surpassant celle du Maroc (+2,6 %). Elle traduit à la fois la reprise des voyages familiaux et touristiques et une forte demande étudiante et professionnelle.

Les consulats français en Algérie, Alger, Oran et Annaba sont désormais saturés. Selon plusieurs témoignages, les rendez-vous s’arrachent en quelques minutes sur les plateformes TLS Contact.
Les délais d’attente pour un dépôt peuvent atteindre jusqu’à deux mois, en particulier en période estivale.

Entre hausse des tarifs et durcissement du contrôle

Cette explosion des demandes survient dans un contexte de hausse du coût du visa Schengen. Depuis juin 2024, le prix du visa est passé de 80 à 90 euros pour les adultes et 45 euros pour les enfants. À cela s’ajoutent les frais de service des prestataires, qui peuvent faire grimper la facture totale à près de 150 euros.

Et les contrôles se durcissent, depuis octobre 2025, le système EES (Entry/Exit System) enregistre automatiquement les entrées et sorties dans l’espace Schengen, traquant les dépassements de séjour et facilitant les sanctions.

Une demande révélatrice d’un paradoxe

Cette ruée vers le visa illustre une contradiction persistante, l’attrait croissant de l’Europe face à un accès de plus en plus restreint. Pour beaucoup d’Algériens, le visa reste à la fois un rêve et un obstacle, une clé vers l’ailleurs qui s’obtient au prix d’une attente incertaine.

“Chaque dossier est une tentative d’espoir”, résume Rima A., journaliste spécialisée dans les affaires consulaires. “Les chiffres ne disent pas seulement combien veulent partir, mais combien continuent d’y croire.”

Avec plus d’un demi-million de demandes en un an, l’Algérie s’impose comme un acteur majeur du système Schengen. Mais derrière cette statistique se cache une réalité plus complexe, celle d’une jeunesse curieuse du monde, mais toujours confrontée à la rigidité des frontières européennes.

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