Extradition d’un Algérien jugée à Paris : 207 ans de prison aux États-Unis
Accusé d’avoir participé à une vaste escroquerie numérique depuis l’étranger, l’extradition d’un Algérien vers les États-Unis. D’après les autorités américaines, il encourt une peine théorique de 207 ans de prison. Un dossier hors norme, sur fond de cybercriminalité internationale et de tensions judiciaires entre Paris et Washington.
207 ans de prison aux États-Unis, l’extradition d’un Algérien jugée à Paris suscite l’inquiétude. Accusé de cyberfraude à grande échelle, Sami D., 39 ans, encourt une peine exceptionnelle outre-Atlantique. Alors que Washington demande son transfert, la justice française doit trancher sur un dossier aux lourdes implications juridiques et diplomatiques.
Une affaire hors normes à l’heure de la justice numérique
C’est une procédure rare par son ampleur, ses implications judiciaires et ses enjeux diplomatiques. Un Algérien de 39 ans, connu sous le nom de Sami D., fait l’objet d’une demande d’extradition de la part des États-Unis. Selon les accusations portées à son encontre, il aurait, entre 2017 et 2020, dirigé une opération sophistiquée de fraudes électroniques, principalement autour du piratage de noms de domaine revendus à prix fort, parfois jusqu’à deux millions de dollars pièce.
Les faits seraient survenus depuis l’étranger, notamment depuis Dubaï, où il résidait avant d’être interpellé à Paris à l’été 2024. L’homme est également soupçonné d’avoir usurpé l’identité d’un magistrat américain pour accomplir certaines démarches, aggravant la charge retenue contre lui.
Des chefs d’accusation multiples… et un total de 207 ans de prison
Selon les documents judiciaires américains, chaque acte de fraude électronique est passible de 20 ans de prison. En accumulant les différentes infractions, Sami D. se retrouve confronté à un risque théorique de 200 années d’incarcération, auxquels s’ajoutent deux années pour usurpation aggravée et cinq pour falsification de documents officiels. Le total atteint 207 ans.
Une peine symboliquement vertigineuse, qui soulève immédiatement la question de sa proportionnalité. En France, un tel cumul ne serait pas applicable. Aux États-Unis en revanche, les peines peuvent s’additionner, même si dans la pratique, des aménagements existent.
Extradition d’un Algérien, bras de fer entre Paris et Washington
Depuis son arrestation, Sami D. est placé sous contrôle judiciaire avec bracelet électronique. La chambre de l’instruction de Paris examine désormais la demande d’extradition américaine. Lors de l’audience la plus récente, le 10 juillet, les juges ont évoqué les possibles réductions de peine prévues en cas de plaidoyer de culpabilité, jusqu’à 58 jours par an, selon les textes fédéraux.
Mais pour Me David-Olivier Kaminski, avocat de l’accusé, ces aménagements sont hypothétiques. Il dénonce une sorte de “loterie judiciaire” à l’américaine, où l’absence de garanties officielles ouvre la voie à des peines incompressibles. Même avec le maximum de réductions, son client resterait exposé à plus de 170 ans de prison, selon la défense.
Une ligne de défense : “je suis innocent, victime d’une usurpation”
Face à ces accusations, Sami D. nie en bloc. Il soutient n’avoir jamais participé à ces opérations de piratage ni à la vente de domaines frauduleux. Sa version ? Il aurait été lui-même victime d’une usurpation d’identité. C’est cette thèse que son avocat tente de faire valoir pour obtenir un rejet pur et simple de l’extradition.
Une question se pose alors, peut-on envoyer un citoyen vers un système pénal où il risque une peine aussi disproportionnée, sans certitude sur les droits de la défense ? Pour l’instant, les juges français réservent leur décision. Le verdict est attendu le 3 septembre 2025.
L’affaire de Sami D. expose une réalité peu connue du grand public, dans les affaires de cybercriminalité transnationale, les peines peuvent dépasser l’imaginable. L’extraterritorialité des lois américaines, leur sévérité en matière de fraude informatique et la pratique du cumul des peines créent un cadre où la sanction devient autant politique que pénale.
À quelques semaines de la décision finale, le dossier continue d’interroger, entre droit français, pression diplomatique et enjeux de justice globale, le sort de cet Algérien se joue désormais entre deux systèmes judiciaires, aux logiques parfois difficilement conciliables.




