Allocation touristique de 750 euros : vers un changement majeur dans les banques algériennes
Les banques publiques se disent prêtes à distribuer l’allocation touristique de 750 euros. Une réforme bancaire en profondeur se profile. Une telle mesure marquerait un changement concret dans la relation entre les banques et les usagers.
L’allocation touristique de 750 euros, longtemps centralisée par la Banque d’Algérie, pourrait bientôt être accessible directement auprès des banques publiques. Cette évolution, encore conditionnée à une validation réglementaire, révèle bien plus qu’un simple ajustement administratif, elle s’inscrit dans une stratégie de modernisation du système bancaire algérien.
Les banques et la répartition inédite de l’allocation touristique de 750 euros
Jusqu’à présent, le versement de l’allocation touristique de 750 euros dépendait exclusivement de la Banque d’Algérie. Mais un virage semble s’opérer discrètement, porté par une volonté politique de moderniser et fluidifier l’accès aux services bancaires pour les citoyens. Désormais, plusieurs grandes banques publiques, dont la BEA, la CPA, la BNA ou encore la BDL, ont officiellement déclaré être prêtes à assurer la distribution de l’allocation touristique, dès qu’elles recevront une instruction claire de la part des autorités monétaires. Une décision finale est donc imminente.
Derrière ce changement en apparence technique, se cache une transformation bien plus stratégique, redéfinir le rôle des banques de proximité dans la gestion des allocations, et surtout renforcer la confiance des citoyens dans le système bancaire. Car si cette mesure se confirme, elle signifierait la fin d’un monopole symbolique, et l’ouverture à une gestion plus souple et peut-être plus transparente des flux monétaires liés aux sorties de devises.
Transformation complète du secteur bancaire : finance islamique, digitalisation
Dans le prolongement de l’annonce sur la future distribution de l’allocation touristique de 750 euros par les banques publiques, le secteur bancaire algérien se prépare à une refonte en profondeur de son fonctionnement. Au cœur de ce projet, la mise en place du tout premier banque nationale dédiée à la finance islamique, rattachée à la BNA. Ce nouvel établissement marque un tournant stratégique, visant à répondre à une demande croissante pour des produits financiers conformes à la charia, mais aussi à élargir l’offre bancaire à de nouveaux profils de clients.
Ce tournant s’inscrit dans un plan de réforme bancaire d’envergure, récemment présenté par la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale. Ce plan repose sur dix axes structurants qui visent à dynamiser le financement de l’économie algérienne et à rapprocher les banques de leurs usagers. Parmi les priorités, réduire les délais de traitement des crédits, simplifier les démarches administratives, numériser les services. Le mot d’ordre : moins de cash, plus de traçabilité, et une meilleure inclusion bancaire.
En parallèle, la digitalisation des services bancaires est également au centre des priorités, avec l’introduction progressive de moyens de paiement modernes comme les QR codes, les cartes à paiement différé “CIB Plus”, ou encore les applications mobiles bancaires. Le but affiché est de réduire la dépendance au cash, d’élargir l’inclusion financière et de rendre les services plus accessibles, notamment dans les régions éloignées.
Autre mesure notable : la création de récupérateurs dédiés aux investisseurs et aux jeunes porteurs de projets dans les agences, afin de fluidifier les démarches, d’accélérer les délais de traitement des crédits, et de favoriser un meilleur accompagnement des entreprises. Ces chantiers, portés par la Commission des finances et du budget de l’APN, traduisent une volonté d’aligner la banque algérienne sur les standards internationaux et de mieux connecter les citoyens au système financier national.
L’allocation touristique, souvent critiquée pour son accessibilité inégale et son traitement opaque, devient un levier symbolique. Si elle venait à être gérée par l’ensemble des banques publiques, cela renforcerait à la fois l’image de proximité des institutions financières et leur rôle dans l’économie réelle. Les banques pourraient ainsi redorer leur image et attirer une partie de l’épargne informelle, encore largement circulante en dehors du système officiel.
Les banques publiques mobilisées pour verser l’allocation touristique de 750 euros
Dans l’attente d’une instruction officielle émanant de la Banque d’Algérie, plusieurs banques publiques algériennes ont déjà annoncé leur mobilisation totale pour assurer la distribution de l’allocation touristique de 750 euros. Il s’agit notamment de la Banque Nationale d’Algérie (BNA), de la Banque de l’Agriculture et du Développement Rural (BADR), de la Banque Extérieure d’Algérie (BEA), du Crédit Populaire d’Algérie (CPA), de la Caisse Nationale d’Épargne et de Prévoyance (CNEP), ainsi que de la Banque de Développement Local (BDL). Ces six établissements, représentant le socle du secteur bancaire public algérien, se disent prêts à prendre le relais de la Banque d’Algérie dans la gestion directe de cette allocation, dès que la décision réglementaire sera actée.
Ce changement viserait à désengorger les guichets de la Banque centrale, tout en offrant aux citoyens une meilleure accessibilité, à travers un maillage territorial plus large et des services de proximité. Il s’inscrit également dans une logique plus large de modernisation des services financiers, qui inclut la digitalisation, la diversification des produits, et le renforcement de la relation entre les citoyens et les banques.
Les déclarations des établissements concernés de la BEA à la CNEP, montrent une mobilisation concrète. Si l’instruction réglementaire est donnée, ces banques pourront très rapidement prendre le relais. Cette perspective traduit un repositionnement stratégique des banques algériennes, qui souhaitent sortir de leur image bureaucratique pour incarner un service de proximité, moderne, et réactif. C’est également une réponse directe aux orientations du président Abdelmadjid Tebboune, qui a plusieurs fois appelé à une transformation réelle et visible du système financier.
Ce qu’on pensait n’être qu’un détail administratif, ou une simple question technique de distribution de l’allocation touristique, pourrait bien devenir un marqueur fort de la réforme bancaire en cours. la nouvelle allocation, si elle est élargie à l’ensemble des banques publiques, porterait en elle un message clair : celui d’une Algérie qui veut réconcilier ses citoyens avec ses institutions financières.
En attendant la publication de la décision officielle, les banques se tiennent prêtes. Et les citoyens, eux, espèrent un accès plus équitable et transparent à ce droit monétaire, si longtemps compliqué.




