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Aïd el-Fitr 2025 à Montréal : quand la lune divise la communauté musulmane

L’Aïd el-Fitr 2025 à Montréal crée la polémique. Deux dates sont annoncées, le 30 mars par le Conseil des imams du Québec et le 31 mars par l’imam Adil Cherkaoui. Une divergence qui divise les fidèles et la communauté musulmane du Québec

À Montréal, la célébration de l’Aïd el-Fitr 2025 prend une tournure inattendue. Alors que le Conseil des imams du Québec a fixé la fête au 30 mars, l’imam Adil Cherkaoui avance une date différente, le 31 mars, provoquant des débats passionnés au sein de la communauté musulmane. Entre tradition et observation scientifique, cette divergence soulève une question plus large sur la méthode de détermination du calendrier islamique au Canada.

Célébration de l’Aïd el-Fitr 2025 à Montréal a deux dates

Chaque année, l’Aïd el-Fitr marque la fin du mois sacré du Ramadan et réunit des millions de fidèles à travers le monde. Mais à Montréal, l’édition 2025 s’accompagne d’une polimique qui sème la confusion chez de nombreux croyants. En cause ? Deux dates contradictoires annoncées pour cette fête si attendue.

le Conseil des imams du Québec annonce le 30 mars

D’un côté, le Conseil des imams du Québec, organe religieux de référence, a fixé l’Aïd au dimanche 30 mars 2025, estimant que le dernier jour du Ramadan tombait le samedi 29 mars. Cette annonce repose sur des calculs astronomiques et une méthode traditionnelle largement adoptée dans plusieurs pays.

La position différente de l’Imam Adil Cherkaoui

De l’autre, Adil Cherkaoui, imam influent d’origine marocaine, défend une vision différente. Selon lui, la lune n’a pas été aperçue clairement le soir du 29 mars, ce qui signifie que le Ramadan devrait durer un jour de plus. Il appelle donc les fidèles à célébrer l’Aïd le lundi 31 mars 2025.

Ce désaccord, loin d’être anodin, reflète un débat plus profond qui traverse les communautés musulmanes du monde entier : faut-il s’en tenir aux observations lunaires traditionnelles ou adopter des méthodes de calcul modernes pour fixer les dates religieuses ?

La communauté musulmane de Montréal divisée

À Montréal, cette divergence ne passe pas inaperçue. Dans les mosquées, les foyers et sur les réseaux sociaux, les discussions s’animent. Certains fidèles suivent la position du Conseil des imams, estimant qu’une seule autorité doit être reconnue pour maintenir l’unité. D’autres se rangent du côté d’Adil Cherkaoui, jugeant que la méthode d’observation visuelle de la lune doit primer.

Pour de nombreuses familles musulmanes de Montréal, cette situation pose un véritable dilemme. Amine, père de trois enfants, confie son désarroi, « C’est troublant, on ne sait plus quelle date choisir. D’un côté, le Conseil des imams dit que l’Aïd est dimanche. De l’autre, l’imam Cherkaoui affirme qu’il faut attendre lundi. Résultat : dans ma propre famille, certains veulent fêter dimanche, d’autres lundi. Même chez nous, on est divisés ! »

Comme lui, de nombreux fidèles se retrouvent face à un choix difficile, respecter la décision du Conseil des imams pour préserver l’unité ou suivre l’interprétation de l’imam Cherkaoui, qui revendique une approche plus stricte basée sur l’observation visuelle de la lune. Cette confusion complique également l’organisation des festivités. Quand poser sa journée de congé ? Quand préparer les repas et organiser les visites familiales ? Autant de questions qui restent sans réponse pour certains.

Les mosquées sous tension

Dans les mosquées de Montréal, le débat prend une tournure plus sérieuse. Certains responsables religieux insistent sur la nécessité de suivre la décision collective du Conseil des imams. « Une communauté unie passe par une seule date officielle. Si chacun commence à fixer sa propre date, c’est le chaos », explique un imam d’une mosquée du centre-ville. D’autres, en revanche, estiment que la méthode d’observation de la lune doit primer sur les décisions administratives.

« L’Islam repose sur des règles précises. Si la lune n’a pas été visible samedi soir, alors on ne peut pas célébrer l’Aïd dimanche », rétorque un fidèle partisan d’Adil Cherkaoui. Cette divergence crée des tensions, avec certains croyants qui changent de mosquée selon la date qu’ils souhaitent suivre.

Les réseaux sociaux s’enflamment

Au-delà des foyers et des lieux de culte, les réseaux sociaux sont devenus le théâtre de discussions enflammées.

  • Certains internautes dénoncent une confusion inutile : « Pourquoi compliquer les choses ? On devrait tous suivre la même date pour éviter ces divisions absurdes. »
  • D’autres voient cette polémique comme un mal nécessaire : « Ce débat prouve que la communauté musulmane est vivante, diverse et en réflexion constante. »
  • Certains s’inquiètent des conséquences à long terme : « Chaque année, on a ce problème de double date de l’Aïd el-Fitr. Il faut une solution définitive pour éviter ces disputes qui reviennent sans cesse. »

Un appel à l’unité pour l’avenir

Cette polémique à Montréal n’est pas une première. Chaque année, la question de la date de l’Aïd el-Fitr fait l’objet de débats dans plusieurs pays, en raison des méthodes divergentes de détermination du calendrier islamique.

Dans certains pays comme l’Arabie Saoudite, le recours aux calculs astronomiques est largement accepté, permettant de fixer les dates religieuses bien à l’avance. D’autres pays, notamment en Afrique du Nord et en Asie, privilégient encore l’observation visuelle du croissant lunaire, une approche qui peut varier selon les conditions météorologiques et l’emplacement géographique.

Au Canada, où la communauté musulmane est diverse et composée de nombreux groupes ethniques et culturels, ces différences méthodologiques se traduisent par des décisions parfois contradictoires. Cette année, l’opposition entre le Conseil des imams du Québec et l’imam Adil Cherkaoui illustre une nouvelle fois ce dilemme entre tradition et modernité.

Si la polémique de l’Aïd el-Fitr 2025 à Montréal révèle une divergence d’opinions, elle met aussi en lumière la nécessité d’un dialogue plus approfondi entre les instances religieuses. Doit-on privilégier une autorité unique pour fixer ces dates ? Faut-il évoluer vers une standardisation du calendrier islamique ? Ces questions restent ouvertes.

En attendant, de nombreux fidèles espèrent que ces débats ne viendront pas ternir l’esprit de l’Aïd, une fête avant tout marquée par le partage, la fraternité et la solidarité.

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