Diphtérie à Skikda : 5 cas confirmés dont 2 décès
Une maladie que l’on croyait oubliée refait surface en Algérie. Le ministère de la Santé a confirmé vendredi 17 octobre l’enregistrement de cinq cas de diphtérie à Skikda dont deux se sont révélés mortels.
Dans les couloirs de l’hôpital de Skikda, l’atmosphère est tendue depuis plusieurs jours. Le personnel soignant, équipé de masques et redoublant de vigilance, fait face à une situation qu’il n’avait plus connue depuis des décennies. La diphtérie, cette maladie infectieuse grave causée par la bactérie Corynebacterium diphtheriae, refait parler d’elle en Algérie.
Un pédiatre à l’établissement public hospitalier de Skikda, n’en revient toujours pas. « Nous avons été formés sur cette maladie pendant nos études, mais franchement, je pensais ne jamais avoir à la traiter dans ma carrière. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une réalité que nous pensions appartenir au passé », confie-t-il, visiblement marqué par les événements.
Diphtérie à Skikda, deux victimes, dont une fillette non vaccinée
Les autorités sanitaires algériennes ont identifié deux décès parmi les cinq cas confirmés de diphtérie à Skikda. La première victime est un homme étranger âgé de 25 ans. La seconde, une fillette de 12 ans qui n’était pas vaccinée contre cette maladie infectieuse grave.
Ce dernier cas soulève des questions préoccupantes sur la couverture vaccinale dans certaines zones du territoire national. La diphtérie, causée par la bactérie Corynebacterium diphtheriae, avait pratiquement disparu d’Algérie depuis les années 1990 grâce aux campagnes de vaccination massive.
Ces chiffres, bien que limités, suffisent à déclencher l’alerte chez les autorités sanitaires qui redoutent une propagation plus large si les mesures préventives ne sont pas rapidement appliquées.
Les trois autres personnes infectées sont actuellement prises en charge par les services hospitaliers de Skikda. Le ministère de la Santé n’a pas communiqué de détails supplémentaires sur leur état de santé, invoquant le respect de la confidentialité médicale.
Une cellule de crise activée immédiatement
Face à cette situation jugée préoccupante, une cellule de crise a été immédiatement constituée au niveau de la direction de la santé et de la population de Skikda. Cette instance coordonne l’ensemble des mesures préventives et hospitalières avec les autorités locales.
La direction de la Santé de Skikda a lancé un appel urgent à la population, en particulier celle résidant dans les communes de Skikda et de Filfila, identifiée comme le second foyer de contamination. Les habitants sont invités à se rendre dans les centres de vaccination pour vérifier leur statut vaccinal et effectuer les rappels nécessaires.
En 48 heures seulement, 514 personnes ont déjà été vaccinées par les équipes médicales mobilisées sur le terrain. Ce chiffre témoigne à la fois de la réactivité des services de santé et de l’inquiétude légitime de la population face à cette résurgence inattendue.
Enquête épidémiologique en cours
Les services sanitaires spécialisés ont immédiatement lancé une enquête épidémiologique approfondie. L’objectif est d’identifier toutes les personnes ayant été en contact avec les cinq cas confirmés. Cette démarche, appelée « investigation des contacts », est essentielle pour circonscrire la propagation de la maladie.
Chaque personne identifiée comme contact proche reçoit un traitement préventif par antibiotiques, appelé chimioprophylaxie. Elle bénéficie également d’une vaccination de rappel, même si elle avait déjà été vaccinée par le passé. Cette double approche vise à créer un cordon sanitaire autour des foyers identifiés.
Le ministère de la Santé assure suivre de près l’évolution de la situation et se dit « pleinement mobilisé pour garantir la sécurité sanitaire de la population ». Toutefois, aucun bilan actualisé n’a été communiqué depuis l’annonce initiale du 18 octobre.
Des symptômes qui nécessitent une vigilance accrue
La direction de la Santé de Skikda rappelle que la diphtérie débute généralement par des symptômes bénins : mal de gorge, difficultés à avaler, fatigue légère. Ces signes peuvent facilement être confondus avec une simple angine, d’où le risque de sous-estimation.
Sans traitement rapide, la maladie évolue vers des formes graves. La bactérie produit une toxine puissante qui peut atteindre le cœur et le système nerveux, provoquant des complications potentiellement mortelles. D’où l’importance cruciale de consulter rapidement en cas de symptômes, particulièrement pour les personnes non vaccinées ou dont les rappels ne sont pas à jour.
Le ministère insiste sur le fait que la vaccination demeure la méthode de prévention la plus efficace. Le vaccin contre la diphtérie, intégré dans le vaccin combiné DTC (Diphtérie, Tétanos, Coqueluche), fait partie du calendrier vaccinal national obligatoire. Les rappels doivent être effectués tous les dix ans à l’âge adulte pour maintenir une protection optimale.
Un appel national à la vigilance
Au-delà de Skikda, cette alerte sanitaire concerne l’ensemble du territoire algérien. Les autorités sanitaires appellent toutes les familles à vérifier le statut vaccinal de leurs enfants et à procéder aux rappels nécessaires. La vaccination est gratuite dans tous les établissements publics de santé.
Les wilayas voisines de Skikda, notamment Annaba, Constantine et Jijel, ont été placées en état d’alerte. Leurs services de santé ont renforcé leur dispositif de surveillance épidémiologique pour détecter rapidement tout nouveau cas suspect.
Cette résurgence de la diphtérie rappelle que les maladies infectieuses peuvent refaire surface dès lors que la vigilance vaccinale se relâche. Elle souligne l’importance vitale de maintenir une couverture vaccinale élevée dans l’ensemble de la population.




